L’origine de notre nom

De 58 à 51 avant Jésus-Christ, La Gaule fût conquise par Jules César. Les voies romaines facilitèrent les déplacements des légionnaires, des chars et des cavaliers, mais elles ne servaient guère au transport des marchandises. Celui-ci s’effectuait par les cours d’eau.

Durant l’empire, les navigateurs baptisèrent notre village « Tumba » (du latin, signifiant butte). Cette butte était un repère pour eux : l’arrivée au confluent était proche !

Vers 772, l’abbesse de Faremoutiers fit de Tumba son fief. Tumba devint alors Latombe, en un seul mot. les villageois étaient appelés les latombais.

Ce n’est qu’au XXème siècle que notre village pris le nom de La Tombe. Et aujourd’hui, nous portons le nom des tombières et tombiers.

Saint Nicolas

Patron des mariniers, il fut longtemps vénéré dans l’église de La Tombe. Il y était représenté par une statuette en bois, datée du XIIe siècle.

Orphelin, Nicolas (en grec, « victoire du peuple ») connut la prison parce qu’il était chrétien. Devenu évêque de Myre, sa ville natale (en Turquie), il y mourût, très populaire, en l’an 325. En 1087, son corps fût transféré à Bari (port d’Italie). Les marins qui assurèrent le transport de sa dépouille échappèrent miraculeusement à un naufrage et lui attribuèrent ce prodige. Aussi, Nicolas fut-il considéré comme le protecteur des enfants et des navigateurs.

Chasseurs nomades en Bassée

Le sol a livré quelques secrets. Grace au travail des archéologues, nous savons qu’il y a 12 mille ans (après la dernière période glaciaire) notre contrée ressemblait à une steppe. S’abritant sous des tentes circulaires en peau de bêtes, des tribus nomades y pratiquaient la chasse aux troupeaux de rennes (Pincevent) et de chevaux sauvages (Marolles). Peu à peu, le climat se réchauffant, la forêt a recouvert toute la région. Des hommes y traquèrent alors le cerf, le chevreuil, le sanglier, mais aussi parfois l’ours, le bison, l’auroch, le lynx, le loup, la martre, le putois et le chat sauvage. Leurs outils étaient en silex et en os. Ils savaient également confectionner, pour la pêche, des nasses coniques en vannerie. A Noyen-Sur-Seine, on a même retrouvé une pirogue (âgée de huit mille ans) creusée dans le tronc d’un pin. Ces chasseurs-pêcheurs circulaient donc sur le fleuve, en quête de gibiers et de poissons.

Premiers cultivateurs

Au cours des périodes glaciaires, la Seine avait façonné la Bassée (du mot gaulois «bassos» qui signifiait dépression). Ses eaux avaient creusé des chenaux et élevé des buttes, en déposant les sables et les graviers qu’elles charriaient.

Vers l’an 4500 avant notre ère, des immigrants vinrent s’installer le long du fleuve. Les archéologues les ont nommés les « Danubiens » ; car de la Pologne jusqu’à la Seine, ils ont bâti leurs habitations sur le même modèle (rectangulaire). Dans les fosses qui leurs servaient de dépotoirs, et dans leurs sépultures, on a trouvé des outils de silex, des pots en céramiques et des parures faites de coquillages. Ce peuple sédentaire entreprit de défricher le sol pour cultiver du blé, de l’orge, des pois et des lentilles ainsi que pour élever des bovins, des moutons, des chèvres et quelques porcs.

Premiers habitats et techniques

Les premiers cultivateurs de la Bassée évoluèrent lentement. Leurs habitations devinrent trapézoïdales. De nouveaux motifs sont apparus sur leurs poteries et leur façon de tailler le silex s’est simplifiée. D’abord installés en milieux humides (où la culture était plus facile), ils ont commencé à s’implanter sur les buttes de graviers, entourant leur habitat d’une enceinte (fossé et palissade) et plaçant leurs monuments funéraires en dehors des villages. Puis leurs techniques ont progressé : fabrication de laitages, nouveaux outils, mines de silex, traction animale, … Vers 2500 avant JC, apparut enfin le travail du cuivre. A partir de 1350 avant JC, la population de la Bassée a augmenté. Entre les chenaux de la Seine, les îlots se couvrirent de fermes et de hameaux. Bâtis en bois et torchis, les maisons étaient entourées d’un enclos et de quelques dépendances. Elles étaient orientées au sud-est et leur superficie était de 30 à 40 m².

Les Sénons

En 700 avant J.C., arrivèrent des Celtes. Ceux qui s’installèrent dans notre secteur étaient appelés des Sénons.  Cette société gauloise était composée de paysans et de guerriers. Ce sont ces derniers qui furent les chefs et propriétaires des fermes et villages. Les nombreuses sépultures découvertes dans la région (Marolles, Courcelles, Chatenay, Gravon) ont révélé qu’il y avait quelques hommes riches (ensevelis avec armes, chaussures et poteries) et beaucoup de pauvres (enterrés sans rien). Les fermes de cette époque, entourées d’un fossé et d’un talus, comprenaient généralement, autour de la maison du maître, comprenaient généralement des greniers distincts (chambres des domestiques), un puits et une forge (âge de fer). Quelques poteries de style méditerranéen et ayant servi à l’importation du vin ou de l’huile d’olive ont été retrouvées.

L’empire

De 58 à 51 avant jésus christ, la Gaule fut conquise par Jules César. Tandis qu’un réseau routier était aménagé par Agrippa (général et homme politique romain), les colons romains et les patrons gaulois s’installèrent au cœur de leurs domaines dans de spacieuses « villae », construites en pierres et disposant d’un chauffage par le sol. De telles propriétés ont existé aux abords du confluent (Cannes, Marolles), qui était un lieu favorable aux échanges commerciaux. Mais ce ne fut pas le cas dans la Bassée ; avec ses terres marécageuses, celle-ci resta rurale.

Les voies romaines facilitèrent les déplacements des légionnaires, des chars et des cavaliers. Mais elles ne servaient guère au transport des marchandises. Celui-ci s’effectuait sur les cours d’eau. Et pendant la longue période de prospérité due à l’empire, des bateliers naviguèrent sur la Seine. Menant leurs embarcations à travers une épaisse forêt de chênes, d’érables, de bouleaux, d’ormes et de saules, ils suivaient le cours capricieux du fleuve jusqu’à l’endroit où les eaux de la Seine, avant de rejoindre celles de l’Yonne, viennent border une large butte…. TUMBA, notre village !

L’invasion franque – Clovis

La paix romaine avait fait son temps. Le 31 décembre 406, le Rhin était gelé, les barbares entrèrent en Gaule. « Barbares » était le nom donné par les Romains aux peuples germaniques. En 481, Clovis battit le romain Syagrius et s’empara de Montereau et de Provins. Des fortifications furent alors construites par les francs à Chatenay et près de Vimpelles.

Malgré l’invasion, les habitants du Sénonais conservèrent leurs traditions et continuèrent de vénérer leurs divinités gauloises et romaines. Pourtant, le baptême de Clovis allait changer la situation, en donnant tout pouvoir à l’Eglise. Evêques et monastères allaient devenir de grands possesseurs de terres. Des moines (bénédictins surtout) allaient développer l’agriculture, faisant reculer les landes et les forêts. Ainsi, dans la forêt de Brie, sur les rives du Grand Morin, au début du VII° siècle, Sainte Fare fonda son abbaye du Pont ; laquelle reçut ensuite le nom de Faremoutiers.

La féodalité

Pour asseoir leur domination sur les territoires conquis, les rois francs les partagèrent en fiefs qu’ils concédèrent à des seigneurs. Ces seigneurs étaient des comtes, des évêques et des abbés de monastères. En devenant leurs vassaux, ils leur devaient « foi et hommage » (et quelques bénéfices bien sûr !). Dès 652, le roi Dagobert accordait ainsi à des bénédictins les terres de Dom en Montois (Donnemarie), où ils fondèrent un couvent.

Le prieuré Notre-Dame

En 772, la seigneurie de La Tombe (Tumba à l’époque) échut à l’abbesse de Faremoutiers. Son territoire s’étendait du Montois jusqu’en bourgogne. Sur la rive gauche de la Seine, au pied de la butte, l’abbesse fonda un prieuré dédié à Notre-Dame. Les bois enveloppaient le paysage, les bâtiments du couvent occupaient le centre du village actuel (de l’église à la rue Juliette Quinault). Il n’existait ni pont ni aucune des routes que nous connaissons aujourd’hui. Un chemin conduisait à l’est, vers la Villa Valaorium (Balloy) et à l’ouest, vers la villa Madriolas (Marolles) ; l’une et l’autre faisant partie du fief. Les chaumières des manants (du latin « manere » signifiant « rester ou demeurer ») étaient disséminées de part et d’autre du fleuve. En raison du gué, Gravon était un lieu de passage. Aussi avait-on coutume de dresser là le pilori et les fourches patibulaires, lorsqu’il fallait châtier quelques mandarins. Le domaine comptait plusieurs moulins. Quant au four à pain et au pressoir, ils étaient dans les dépendances du couvent. Quelques souterrains, bien sûr, permettaient aux habitants de trouver refuge en cas d’agression.

Les manants

Ils se levaient tôt et travaillaient durement, s’occupant du bétail et cultivant leur lopin de terre, afin de nourrir leur famille et de payer les nombreuses redevances auxquelles ils étaient astreints. Ils devaient en outre aller travailler à la seigneurie au moins deux jours par semaine. C’était la Corvée. Leurs outils, pour la plupart, étaient en bois. Leur alimentation se composait de bouillie, de fromage et de poisson. Et ils buvaient du vin. Car depuis la présence romaine à Provins, la vigne était cultivée un peu partout dans la région.

La religion

Entre les offices liturgiques, qui ponctuaient leur journée, les bénédictines travaillaient aussi. En 1137, elles obtinrent de l’Archevêque de Sens l’édification d’une chapelle à Balloy, afin de pouvoir prier lorsque leurs activités les appelaient dans cette partie du domaine.

En ces jours-là, la religion se mêlait à tout. On risquait entre autres choses d’être trainé en justice pour avoir proféré des jurons.

Dédiée à Saint-Laurent, l’église paroissiale voisinait avec la chapelle du prieuré. Et c’était sur présentation de l’abbesse de Faremoutiers, que l’Archevêque de Sens y nommait un curé, auquel les paysans devaient verser la dîme.

Morcèlement du fief – l’arrière-fiefs

Le prieuré de La Tombe n’était pas seul en son genre. En Brie, Champagne et Sénonais, six autres prieurés dépendaient de Faremoutiers. Dans le souci de gérer cet important patrimoine au profit de leur abbaye, les abbesses successives en concédèrent diverses parties, qui devinrent de nouvelles seigneuries ou arrière-fiefs.

C’est ainsi qu’avant de partir en croisade (en 1105) le sire Hilduin se fit attribuer par l’abbesse de Faremoutiers un vaste domaine, qui s’étendait de Montigny à Misy et Barbey et jusqu’à proximité du château de Montereau… Sans doute ce croisé a-t-il péri en Terre-Sainte, car le nouveau fief a été confié, pendant un certain temps, à l’abbaye de Saint-Denis, puis à celle de Saint-Germain-des-Prés. Au XIVe siècle, le roi (toujours suzerain) en dota le vicomte de Thianges, lequel créa la seigneurie de Marolles, relevant de celle de La Tombe. A son tour, le vicomte concéda plusieurs arrière-fiefs à différents seigneurs qui eurent à charge de lui verser des redevances. Lui-même présentait régulièrement « aveu et dénombrement » (c’est-à-dire qu’il rendait des comptes) à la Dame de La Tombe.

Premiers cultivateurs

Au cours des périodes glaciaires, la Seine avait façonné la Bassée (du mot gaulois «bassos» qui signifiait dépression). Ses eaux avaient creusé des chenaux et élevé des buttes, en déposant les sables et les graviers qu’elles charriaient.

Vers l’an 4500 avant notre ère, des immigrants vinrent s’installer le long du fleuve. Les archéologues les ont nommés les « Danubiens » ; car de la Pologne jusqu’à la Seine, ils ont bâti leurs habitations sur le même modèle (rectangulaire). Dans les fosses qui leurs servaient de dépotoirs, et dans leurs sépultures, on a trouvé des outils de silex, des pots en céramiques et des parures faites de coquillages. Ce peuple sédentaire entreprit de défricher le sol pour cultiver du blé, de l’orge, des pois et des lentilles ainsi que pour élever des bovins, des moutons, des chèvres et quelques porcs.

Morcèlement du fief – la Muette

Entre tous ces petits seigneurs, des arrangements se négociaient. Par exemple, le seigneur de Marolles payait une redevance de « cinquante bichets (Ancienne mesure de grains de capacité variable suivant les provinces) de seigles » au baron de Donnemarie-Dontilly pour sa tour la Muette (petite maison qui réunissait des chiens de chasse) ; et pour ses deux moulins situés sur la petite Seine. De même, pendant longtemps, les surplus de la paroisse furent partagés entre les Seigneurs (la dalle funéraire de Christophe de Boissy, dans l’église, est un vestige de ce privilège).

L’abbesse conservait tous ses droits féodaux. Mais au fil du temps, la seigneurie de Faremoutiers à La Tombe ne comprit plus que la moitié du territoire initial.

Morcèlement du fief – Fléaux et remèdes

Ces tractations entre possesseurs de la terre n’amélioraient guère les conditions d’existence des manants, liés à la terre. Pouvons-nous seulement imaginer ce monde tellement rustique ? … un monde sans pétrole ni électricité, sans moteur ni machine, où l’on marchait en sabots. Les hérons peuplaient les marais de la Seine et l’on entendait que les bêtes, les gens et le vent…

Dans ce monde pourtant, on connaissait la peur, la joie et la souffrance. Habitués aux inondations qui suivaient le rythme annuel de la nature (n’étaient-elles pas garanties de bons pâturages ?), les habitants redoutaient davantage les famines (comme en 1001) et les épidémies (la peste et le mal des ardents en 1006). Il leur fallait craindre aussi les incursions violentes (les normands en 889 ou les insurgés de Sens vers 1205), ainsi que les pillages qui allaient de pair.

Aux maux du peuple la religion s’efforçait d’appliquer ses remèdes. Ainsi, sur ordre du roi (Saint Louis), on rapporta de Terre-Sainte la couronne d’épines du Christ. Le 16 aout 1239, les manants du fief de La Tombe furent invités par le clergé à se rendre en procession à Montereau, pour y adorer la sublime relique, qu’un cortège de hauts dignitaires ramenait vers Paris.

Morcèlement du fief – départ des bénédictines

Un siècle plus tard, débutait sur le sol briard une longue série de combats (dont les paysans allaient faire les frais) qu’on intitula « la guerre de cent ans ». Ce fut alors que la peste noire atteignit notre contrée (1348) provoquant la mort du tiers de la population. L’épidémie calmée, les rescapés éprouvèrent la joie de vivre. Dans cette ambiance, il semble que les religieuses du prieuré négligèrent d’observer leurs règles monastiques, car l’abbesse de Faremoutiers (Jeanne de Noyers) et l’archevêque de Sens (Guillaume de Melun) décidèrent la suppression de la petite communauté : « attendu que le prieuré de La Tombe trouvait des difficultés à observer la discipline et à faire l’office avec lustre et bienséance ». Les religieuses durent se retirer en la maison-mère le 10 mai 1350. Nous ignorons comment la disparition de cette communauté présente depuis 600 ans a été ressentie par les gens ; cependant, nous savons qu’à Faremoutiers, l’abbaye faisait de nombreuses aumônes… il est donc permis de penser que les bénédictines de La Tombe venaient aussi en aide aux pauvres. Si tel est le cas, leur départ a dû attrister beaucoup de villageois.

La grange de Faremoutiers

Demeurant Dame de La Tombe, l’abbesse continua d’exercer sur le fief ses droits seigneuriaux. Elle disposait sur place de tout un personnel (intendant, prévôt, tabellion, greffier, sergent, procureur, …). Elle conservait aussi le droit de présentation à la cure de la paroisse. Le couvent ne fut plus qu’une métairie avec ses dépendances, la chapelle étant dotée d’un chapelin. Le tout fut géré sous le nom de « Grange de Faremoutiers ». Pendant ce temps-là, le vicomte de Thïange avait aménagé la seigneurie de Marolles en nombreux petits fiefs. Chacun ajoutant à son titre celui de « Seigneur de La Tombe ». Ses vassaux de Courcelles, Châtenay, Balloy ou Barbey rivalisaient entre eux à travers intrigues et mariages ; tandis que la grosse tour de Provins veillait au respect de la justice royale.

Le duc assassiné

Le trône de France était cependant gravement secoué. Entre le duc de Bourgogne, le duc d’Orléans, le Dauphin, le roi d’Angleterre et quelques autres, les grandes manœuvres avaient commencé. En 1404, une assemblée de notables fut organisée à La Tombe ; il s’agissait de trouver un compromis. Parmi les participants, ont été remarqués l’archevêque de Sens (Henri de Savoisy), les évêques de Langres et d’Arras, et bien sûr la famille Thïange. L’abbesse de Faremoutiers ne fut pas de la partie.

La paix non plus ne fut pas au rendez-vous. Quelques années plus tard, les troupes du Dauphin accusèrent le duc de Bourgogne d’être de connivence avec les Anglais. Pour régler le litige, une bataille fut envisagée dans la plaine de Luisetaines (ou celle de Gravon). Puis le projet fut abandonné au profit d’une conférence sur les intérêts communs aux deux personnes.

La rencontre fut fixée à Montereau devant le château-fort (bâti à la pointe du confluent) qui contrôlait le passage du Gâtinais vers le pays de Seine et Yonne et la Brie. Le 10 septembre 1419, ayant dormi à Bray-Sur-Seine et laissant son armée à Bazoches, le duc de Bourgogne (Jean sans peur) traversa La Tombe avec son escorte. Au retour de celle-ci, les villageois apprirent avec stupeur l’assassinat du duc par les gens du Dauphin. Dès lors, alliés des Bourguignons, les Anglais occupèrent Bray, Nogent, Provins et Nangis. On les accusa d’avoir pillé les églises.

Déclin du fief – Privilèges

A Faremoutiers, en cette période troublée, Madame l’abbesse (Jeanne Chrétien) faisait face à de sérieux problèmes : reconstruction du monastère, reconstitution du patrimoine et recrutement de religieuses. Il semble qu’elle ait su gagner, sur place, l’estime des paysans. Mais les gens de La Tombe ne connaissaient que ses subalternes, facilement enclins à tirer profit de la situation. Car l’abbesse jouissait de nombreux privilèges.

Entre autres, elle disposait du droit de « main-morte ». Cela signifiait qu’à la mort d’un serf, les officiers de justice de la seigneurie pouvait percevoir divers objets mobiliers et vingt sols d’argent. Le sergent (ou huissier) avait droit, pour sa part, à la chemise du défunt, à sa ceinture et à 5 sols.

L’abbesse détenait également le privilège exclusif de vendre du vin pendant les mois de pâques, de la Saint-Jean et de Noël. C’était le droit de « bauvin ». A ces date-là, les taverniers de la région accouraient donc à la seigneurie de La Tombe, pour y acheter l’autorisation de servir du vin… Cela ne dispensait pas les habitants de payer le « trop bu », taxe due sur le vin qu’ils avaient consommé au-delà de la quantité fixée lors de la récolte.

Taxes et redevances

Aux taxes seigneuriales vinrent se superposer des impôts royaux, comme « la gabelle » (ou monopole de la vente de sel). A partir de 1460, les pères de famille de La Tombe durent s’approvisionner au grenier à sel de Montereau (et nulle part ailleurs), à raison de six livres par personne vivant au foyer. Des commis saulniers avaient le droit de s’introduire dans les chaumières pour dénicher les fraudeurs (la contrebande étant passible d’une condamnation aux galères). Pourtant, le prix trop élevé du sel favorisait la fraude. Et les bateliers qui assuraient le transport du sel en recelaient une certaine quantité qu’ils revendaient à bas prix au port de Vimpelles. Cela ne pouvait durer ; une déclaration royale (en 1546) les obligea à transporter le sel par bateaux couverts et fermés, les clés restant aux mains des commis Saulniers.

Il est évident que le monarque avait d’énormes besoin à satisfaire s’il voulait à la fois guerroyer, agrandir son royaume, développer les arts et son prestige (comme à Fontainebleau de 1528 à 1547). On peut se demander toutefois où disparaissaient les sommes prélevées par les agents de la seigneurie ! A Faremoutiers, en effet, tout ce que rapportait le fief de La Tombe (y compris le droit de pêche) ne constituait qu’un revenu fort médiocre (30 livres seulement en 1518).

Pillages et réquisitions

La suite des évènements n’allait pas améliorer la situation. A la sècheresse (1557) et aux hivers meurtriers (1565,1694,1709) s’ajoutaient les famines (1562, 1675 et 1725) et les réquisitions (de 1618 à 1648). Car les guerres se poursuivaient (Ligue, Guerre de 30 ans, Fronde, …). La rive gauche de la Seine fut dévastée à deux reprises (1567 et 1652) par les armées de Condé et de Turenne. Surgissaient aussi des brigands, en quête de butins. Ce fût le cas en 1581 : à la tête de sa bande, un pseudo-capitaine issu de Nogent ruina tous les villages jusqu’à Montereau qu’il n’osa pas attaquer.

L’abbaye de Faremoutiers elle-même eût à souffrir (une fois de plus) du passage des gens de guerre. En 1593, un régiment pilla et incendia le couvent, détruisant la plupart des titres qui s’y trouvaient. Les bénédictines réussirent néanmoins à justifier « leurs droits en ladite terre de La Tombe », puisqu’au XVIII° siècle les gens d’ici payaient encore à l’abbaye un droit de pâturage de deux deniers l’an.

Les derniers seigneurs

En 1661 le seigneur de Marolles (Jean de la Borde, ambassadeur en Suisse) obtint le titre de marquis. Les conflits juridiques étaient fréquents entre le tribunal de Marolles et ceux de Donnemarie et Provins. Ils étaient tranchés par arrêt du parlement de Paris.

A la même époque, les habitants de La Tombe et de Gravon se virent proposer des terrains dans le vallon par les Seigneurs de Châtenay. La redevance exigée était destinée à la reconstruction de l’église de Châtenay. Ainsi, la sueur des manants, guettés par la misère, constituait toujours une source de revenus. Quoi qu’il en fût, en 1720, la seigneurie de Châtenay se voyait réduite à un château en ruines, flanqué de 280 arpents de terres.

Les « Galland »

Liés aux Turgot, Seigneurs de Châtenay, les Galland se disaient « Seigneurs en partie de La Tombe ». Ils y percevaient des redevances, comme l’atteste le sieur Fouacier, curé du lieu vers 1740, en citant parmi ses paroissiens un nommé Guichard, concierge chez Monsieur Galland, mais aussi un dénommé Denis Ramard, receveur de Monsieur Galland Seigneur en partie de cette paroisse. Sans doute, la famille Galland entretenait-elle de bonnes relations avec sa suzeraine, l’abbesse de Faremoutiers, car ce fut un Galland qui devint curé du village en 1781. Il parait enfin qu’à sa mort la veuve Galland légua une somme d’argent à l’intention des pauvres de La Tombe…C’était en 1791, au temps où trépassait la féodalité.